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Élections 2014

Cahier de propositions en matière de politique de santé

27 janvier 2014

La 6ème réforme de l’Etat est sur les rails. Elle donne une autonomie plus grande et de nouvelles compétences aux entités fédérées en matière d’allocations familiales, de politique d’emploi, de soins de santé et d’accueil des personnes âgées. Les moyens propres des régions vont augmenter de 40%, sans compter les moyens complémentaires éventuellement générés par la politique fiscale de ces régions.


Nous n’étions pas demandeurs de cette réforme. Par contre, pour certains politiques flamands elle devenait indispensable. Puisqu’il en est ainsi, alors il s’agit d’en faire une opportunité pour développer une plus grande cohérence et intégrer les différentes mesures prises en matière de santé, au niveau des entités fédérées. Et ce, en tenant compte des spécificités propres à la Wallonie, à la Flandre, et surtout à Bruxelles. Comment cela va-t-il s’articuler ? Le travail est loin d’être achevé et comporte de nombreux risques.

La 6ème réforme a sauvegardé en grande partie une sécurité sociale solidaire et fédérale même si un pan de celle-ci (les allocations familiales, et nous le déplorons) s’en va aux régions. La Fédération des maisons médicales continue d’insister sur la nécessité de garder une sécurité sociale fédérale et bien financée couvrant l’ensemble de la population dans l’objectif de couvrir un maximum de risques [1] au sein d’une société plus équitable, plus solidaire, capable de générer un mieux vivre ensemble. Nous ne pouvons que constater une évolution qui va malheureusement plutôt dans le sens contraire actuellement : fragmentation de la sécurité sociale, suppression des systèmes d’équité,…

En 2014, les citoyens seront amenés à élire leurs représentants tant au niveau régional, fédéral et européen. C’est l’occasion de remettre de la cohérence et de la complémentarité entre les différents niveaux de pouvoirs mais aussi de défendre un projet politique social fort. A côté des difficultés institutionnelles que la Belgique a vécues et vivra sans doute encore, nous nous trouvons aujourd’hui dans un contexte de crise globale qui implique tous les domaines : économique, environnemental, social… Tous les jours, les travailleurs des maisons médicales sont confrontés à une précarité grandissante, un désarroi profond et une exclusion importante pour une tranche de la population de plus en plus grande.

Les Etats européens sont contraints par la commission européenne de mener des politiques d’austérité draconienne qui mettent à mal l’équilibre économique des pays. La crise bancaire et financière de 2008 a obligé la Belgique, et d’autres pays d’Europe, à sauver les banques à coups de milliards d’Euros. Cela a eu pour conséquence de réduire les capacités financières de l’Etat et d’imposer plus fortement les contribuables.

De nombreux défis s’annoncent comme : la prise en charge de la perte d’autonomie et des maladies liées au vieillissement de la population, la croissance démographique tant à Bruxelles qu’en Wallonie, la précarisation croissante et ses inégalités en santé, le développement des maladies chroniques notamment causées par le contexte social et environnemental, la croissance des souffrances psycho-sociales, la pénurie de professionnels et la commercialisation de la santé (ex : maisons de repos…), le réchauffement climatique... Face à ces défis, des réponses efficientes devront être trouvées si nous voulons garder un bien-être collectif. Le vieillissement de la population par exemple est un phénomène positif puisqu’il signifie que l’espérance de vie augmente. Par contre, il faut veiller à ce que les personnes puissent rester le plus autonome possible. Ces défis ne sont pas inéluctables et il est important d’agir en amont pour qu’ils soient le moins présents. Tout d’abord, il nous semble primordial d’agir sur les déterminants de la santé (éducation, emploi, logement, etc.). Ensuite, de renforcer le lien et la cohérence entre la prévention et les soins, de renforcer la première ligne de soins et de sortir de la logique verticale (trajets de soins…), etc.

L’aggravation de la situation sociale est mesurée et l’impasse est réelle. Elle met également bien en évidence que les services sociaux et de santé ont une action limitée et sont cantonnés à devoir mettre des rustines sur des problèmes qui dépassent leurs compétences en matière d’activités.

Face à ce constat, une transformation complète du modèle de société est à trouver ou à retrouver. On ne pourra pas se contenter d’ajuster le système tel qu’il existe aujourd’hui car ce sont les fondements mêmes du modèle de croissance économique sur le modèle capitaliste et de consommation qui sont à remettre en cause.

Les maisons médicales se situent depuis leur création dans un mouvement social, à savoir : participer à un changement global de la société qui soit plus égalitaire, plus solidaire et plus durable.

A partir de nos objectifs et face aux constats, la formulation de propositions politiques basées sur des valeurs d’équité, de solidarité et d’efficience, nous semble d’autant plus pertinente et encourageante pour l’avenir.

Qui sont les maisons médicales ?

Les maisons médicales sont des équipes pluridisciplinaires dispensant des soins de santé de première ligne dans une perspective de justice sociale et de bien-être collectif. Leurs actions visent à une approche globale de la santé, considérée dans ses dimensions physiques, mais aussi psychiques et sociales ainsi qu’à une approche de promotion de la santé intégrant le curatif, préventif et l’action communautaire.

Elles inscrivent leur activité tant dans l’accompagnement individuel que dans une perspective plus collective et de santé publique. Les maisons médicales s’appuient sur une dynamique de participation communautaire et cherchent à développer l’autonomie des individus dans la prise en charge de leurs problèmes de santé. Elles intègrent leurs actions en partenariat avec le réseau local.

Les maisons médicales sont des structures autogestionnaires, c’est-à-dire que chaque travailleur peut être membre de l’assemblée générale de l’ASBL et participer à l’organisation et à la gestion du projet.


[1En effet, plus la population couverte est grande, plus le système permet de couvrir des risques.


A télécharger : Cahier de propositions en matière de politique de santé (pdf, 600k)