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Le printemps de l’égalité (un argumentaire pour l’égalité)

7 mai 2014

Dans les pays riches, une étape a été franchie. La croissance économique n’y est plus, comme elle l’a été pendant longtemps, source de plus de bien-être pour les citoyens. Le croisement de données sur l’espérance de vie et le revenu national par habitant amène à conclure qu’à partir d’un certain seuil, plus les pays deviennent riches, moins l’augmentation du niveau moyen de vie améliore leur santé. Ce seuil correspond à un PIB de 25.000 dollars par habitant. À partir de ce seuil, les augmentations de revenus produisent de moins en moins de bénéfice pour le bien-être des habitants. En Belgique, en 2012, le PIB par habitant était de 43.372 dollars [1].


Au sein de ces sociétés prospères matériellement, de nouveaux problèmes de santé et sociaux sont apparus. Ce sont les plus pauvres qui tendent à être les plus touchés par ces problèmes.

« L’inégalité sociale en matière de santé est importante en Belgique. Le plus grave est que cette inégalité ne se résorbe pas mais augmente plutôt. » [2]

En Belgique, si l’espérance de vie en moyenne progresse, des disparités importantes entre des groupes socioéconomiques sont remarquées. 7 années d’écart pour l’espérance de vie et 18 années d’écart pour l’espérance de vie en bonne santé se remarquent entre les moins et les plus favorisés. Au regard d’un idéal d’égalité entre les membres d’une société, disposer de moins d’années en bonne santé parce qu’on est une personne se trouvant au bas de l’échelle sociale constitue une injustice.

Des données permettent aussi d’observer que les différences de revenus moyens entre pays riches n’entraînent pas de différences au niveau du bien-être. Ce sont les écarts de revenus au sein de chacun des pays qui sont déterminants. Les problèmes dans les pays riches sont liés non pas à un manque de richesse mais à des écarts de richesse matérielle trop importants au sein d’une même société.

L’indice de GINI mesure la distribution des revenus. Il varie entre 0 - tout le monde a le même revenu - et 1- une seule personne détient la totalité des revenus. En 2011, l’indice de GINI valait 0,26 en Belgique, 0,25 en Wallonie, 0,24 en Flandre et 0,36 à Bruxelles (0,30 pour la moyenne UE) [3] .

Les inégalités de santé sont donc engendrées par les inégalités de revenus qui entraînent également les problèmes de relations sociales, de santé mentale, de consommation de drogue, d’obésité, de mobilité sociale, de maternité précoce, de violence, d’incarcérations et d’échecs dans l’enseignement.

Par ailleurs et plus précisément, les différences au niveau de la qualité de vie se retrouvent d’un bout à l’autre du gradient social, elles ne s’expriment pas uniquement entre les plus riches et les plus pauvres. « Le gradient social de la santé traverse la société de part en part. La position que nous y occupons revêt une grande importance : ceux qui sont au-dessus de nous sont en meilleure santé et ceux qui sont en dessous de nous sont en moins bonne santé, de la couche la plus défavorisé à la plus privilégiée. »

« La qualité des relations sociales de toute société est ancrée dans des fondements matériels. L’ampleur des écarts de revenus influence fortement les relations que nous avons les uns avec les autres. » [4]

Plus il y a d’inégalités de revenus dans une société, plus il y a de stress car les relations sociales sont importantes pour les gens. La façon dont on est considéré par les autres importe à tout un chacun. Si on se sent inférieur socialement, on est moins confiant, on supporte moins la compétition, on se sent moins en sécurité, on s’inquiète de la façon dont les autres nous voient et nous jugent. Cela ajoute du stress en permanence. Cette chronicité en arrive à endommager et altérer le système immunitaire. Les relations sociales sont un déterminant essentiel de la qualité de vie.

« La meilleure manière de réagir face aux maux causés par une forte inégalité consisterait à réduire l’inégalité elle-même… » » [5]

C’est une question de choix : agir pour plus de bien-être pour tous les citoyens passe par la remise en cause des inégalités économiques, par la diminution des écarts de revenus et par une meilleure redistribution des richesses. Travailler à faire advenir plus d’égalité au niveau des revenus permettra de diminuer nombres de problèmes sanitaires et sociaux au bénéfice de tous les membres d’une même société. De plus, plus d’égalité amène des améliorations de santé et sociales plus importantes chez les citoyens qui vivent dans la pauvreté que chez ceux qui vivent dans la richesse. L’égalité devient « une espèce de bien commun qui profite à tous » [6]

La priorité est bien de faire advenir plus d’égalité au niveau des revenus. Alors, des politiques plus particulières se révèleront de plus en plus inutiles. Car les problèmes de santé et les problèmes sociaux ont la même origine : les écarts de revenus.

La priorité est de se focaliser sur la source des problèmes afin de réduire le risque que ces problèmes se récréent sans fin. Cet échec des politiques ‘sparadrap’ est visible chaque jour. Au contraire, se concentrer sur des politiques structurelles fera advenir un changement durable de société. Cela demande sans doute un changement de paradigme et de façon de penser la société.

  « En comprenant les effets de l’inégalité, nous nous équipons d’un levier politique sur le bien-être des sociétés dans leur ensemble. » [7]

Nous pensons que l’enjeu est de bâtir un mouvement social déterminé à mettre en œuvre l’égalité.

« Ce mouvement doit être entretenu par un réseau de groupes « pour l’égalité » qui se réunissent pour diffuser leurs idées et leurs actions partout.

Pour créer une société plus égalitaire, il faut que les gens expriment leur opinion, développent leurs arguments, s’organisent et militent.

Pour qu’il y ait volonté politique, il faut créer la vision d’une société meilleure qui soit à la fois réaliste et stimulante.

...

Afin d’entretenir la volonté politique nécessaire, nous devons nous souvenir qu’il incombe à notre génération d’assumer l’une des transformations les plus essentielles de l’histoire humaine. Les pays riches sont parvenus au terme de ce que la croissance économique peut faire pour améliorer notre qualité de vie. Notre avenir réside dans l’amélioration de la qualité de l’environnement social. » [8]


[1Source : Banque nationale de Belgique. http://www.nbb.be/pub/home.htm?l=fr.

[2Fondation Roi Baudouin (2010) L’inégalité en matière de santé reste tenace.

[3Working Paper n°16 de l’IWEPS

[4Wilkinson R & Pickett K (2013). Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous. Les petits matins/Institut Veblen/ Etopia.

[5Wilkinson R & Pickett K (2013). Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous. Les petits matins/Institut Veblen/ Etopia.

[6Pitseyz John & Szoc Edgar (2014). La révélation d’Obama. Politique n°83.

[7Wilkinson R & Pickett K (2013). Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous. Les petits matins/Institut Veblen/ Etopia.

[8Wilkinson R & Pickett K (2013). Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous. Les petits matins/Institut Veblen/ Etopia.