Après la « fausse plénière », destinée à mettre les participant-e-s au travail dans la bonne humeur et dans un esprit de collaboration, a eu lieu la seule intervention « ex-cathedra » de cette session de l’Université Ouverte en Santé. Il s’agissait de la présentation de la synthèse d’une série de rencontres de travailleurs de la Fédération pour construire une critique de leur formation initiale(voir article XX).
Christian Boucq du Centre d’information et d’éducation permanente du Mouvement ouvrier chrétien faisait ensuite des commentaires sur cette présentation. Il a replacé notre Université Ouverte en Santé dans le contexte historique des initiatives analogues et du mouvement ouvrier. Cette perspective lui servait à appuyer une mise en garde méthodologique et idéologique très importante : avant que nous ne nous mettions au travail, il a attiré notre attention sur le risque de se contenter de seulement recueillir les savoirs de terrain en santé sans les construire en appareil critique de connaissance destiné à changer les rapports de force dans la société. Ce faisant, il nous a, en quelque sorte, exhortés à passer de l’anecdote à la révolution ! Qu’il en soit remercié. Celles et ceux qui étaient là s’en souviendront longtemps.
À partir de l’après-midi, six ateliers ont eu lieu : sur les normes du système social, les assuétudes, le non travail, la santé mentale, le logement et les médicaments.
Chaque atelier commençait par une intervention qui présentait l’approche vécue à un des niveaux mis en évidence : celui de la relation individuelle, le niveau local ou communautaire, et le niveau sociétal. Les participant-e-s étaient ensuite invité-e-s à explorer la thématique à ce niveau, avec, comme guide, une série de questions que l’animateur-trice veillait à rencontrer dans le décours de la discussion : Quelles sont les interventions, les actions à ce niveau en rapport avec cette thématique ? Comment apparaît-elle ? Quels atouts a-t-on à ce niveau pour approcher cette thématique ? Qui sont les acteurs ? Qui est concerné ? Quelles sont les limites ? Quels sont les moyens à mettre en place pour dépasser les obstacles à ce qu’on cherche ? Quels sont les enjeux, qu’est-ce qu’on cherche ? Cette suite de question structuraient la discussion pour produire ce qui constituait la production finale des rencontres : qu’est-ce qu’on a à dire à qui [1] à partir de ce niveau ? Quels messages, Quelles recommandations ?
Chaque temps d’atelier était consacré à parcourir ces questions sur chaque niveau.
Enfin, à l’issue des trois temps d’atelier, il s’agissait aussi de pointer ce que la réflexion sur la thématique impliquait au niveau de la formation des travailleurs de santé.
Le dimanche en fin de matinée, tous les participant-e-s ont été rassemblé-e-s en trois groupes, un par niveau d’analyse, en mélangeant les thématiques, pour aborder une nouvelle série de questions : quels sont les acteurs à qui on avait quelque chose à dire, dans chaque atelier thématique, en considérant les choses à ce niveau ? Qu’est-ce qu’on a à dire à chacun de ces acteurs, toutes thématiques confondues ? Comment, pourquoi, en quoi interpelle-t-on les autres niveaux à partir de celui-ci ? Qu’est-ce qu’on en attend ? Qu’est-ce qu’on a à leur apporter ? Qu’est-ce qu’on a appris, qui devrait être injecté dans la formation des intervenants ?
Il s’agissait donc de « déconstruire » l’expérience globale des participant-e-s pour reconstruire une action politique globale. Travail didactique, difficile mais plein de sens. Cette construction a bien fonctionné, même s’il a parfois été difficile, pour certaines thématiques de distinguer les niveaux d’analyse. Il reste maintenant à analyser la matière produite pour en faire le retour et l’exploiter dans tous nos lieux d’action.
Merci à toutes et tous, et à l’année prochaine, pour la suite.
[1] aux maisons médicales, à la Fédération, aux écoles qui forment les intervenants, aux politiques, au secteur, …