Comment sortir de la logique de l’accouchement comme acte médical ? Par le partage d’expérience entre parents et le soutien aux compétences de chacun.
Association de parents créée en 2002, Alter- NativeS a pour objectif de soutenir l’humanisation de la naissance, dans le sens d’une meilleure écoute et du respect des parents et des bébés, premiers concernés par l’événement autour duquel s’affairent souvent de nombreux intervenants. Une voie possible vers une consommation raisonnée des outils et techniques ?
Selon la philosophie de l’association, l’accouchement est un acte fondamental, qui doit être un événement le plus heureux possible et gratifiant pour le bébé, pour la mère et pour le père, quelles que soient les circonstances. L’action des parents bénévoles rassemblés pour les futurs parents se base sur l’hypothèse qu’atteindre cet objectif implique, d’une part, une volonté personnelle de la femme d’être active et à l’écoute de ce qu’elle vit, et d’autre part, de créer des relations de collaboration avec les professionnels de la santé. Tout cela doit permettre de placer en avant-plan le respect de l’aspect humain de l’événement de la naissance. Dès lors, tout le long de la grossesse puis de l’accouchement, l’implication des parents et leurs choix peuvent amener à refuser une médicalisation superflue ou inutile, en entente avec le corps médical.
Or, exercer des choix personnels et responsables passe d’abord par un accès des parents à une information la plus complète possible sur l’accouchement et la périnatalité afin que s’élargisse le champ des possibles et qu’apparaissent les alternatives, tant pour les préparations à l’accouchement que pour les positions d’accouchement et les lieux de naissance, les actes médicaux susceptibles d’être posés, les personnes qui pourraient entourer le couple...
Au-delà de l’information, l’écoute et le partage d’expériences semblent également fondamentaux afin de permettre aux parents de se réapproprier cet événement, de dépasser les représentations toutesfaites ou les plus médiatisées, de reconnecter des savoirs ancestraux qui ne se transmettent plus toujours de génération en génération…
C’est dans ce sens qu’Alter-NativeS développe ses diverses activités :
• centralisation et redistribution de l’information autour de la naissance, via un site internet, des fiches thématiques, des articles dans la presse, etc.,
• organisation de soirées de rencontre entre parents et futurs parents en différents lieux,
• encouragement du dialogue avec les professionnels de la santé,
• soutien de projets qui rentrent dans la philosophie d’humanisation de la naissance.
Les couples qui s’adressent à l’association ou qui consultent son site et ses outils sont ainsi informés et encouragés dans l’élaboration et la communication de leur projet de naissance. Leurs compétences à mettre leur bébé au monde, et à s’en occuper ensuite sont reconnues et soutenues à travers le partage d’expériences avec d’autres parents ainsi que par l’écoute et le respect qu’ils osent alors demander aux soignants.
C’est ainsi que, sans que cela soit un objectif en soi, cette démarche favorise une médicalisation plus juste, une utilisation adaptée des ressources médicales plutôt que leur consommation systématique.
En effet, la définition d’un projet de naissance, le fait de croire en ses capacités et l’interpellation positive de soignants dans ce sens peuvent contribuer à favoriser le déroulement physiologique de l’accouchement qui ne nécessite alors souvent que peu ou pas d’interventions. Si les progrès de l’obstétrique ont certes permis la réduction des risques périnataux, de nombreuses interventions se sont cependant banalisées voire généralisées au lieu de se limiter à des situations pathologiques. Or, le recours superflu à des actes techniques et substances diverses, au delà de la consommation inutile qu’il représente en terme de ressources peut se révéler iatrogène [1].
La démarche d’Alter-NativeS est ainsi confortée par la récente publication du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) [2] qui indique que « La technologie a cependant parfois tendance à aller trop loin et les innovations ne tiennent pas toujours leurs promesses. ». Le KCE insiste notamment sur le caractère crucial de l’information du couple pour permettre « des choix conscients qui seront respectés dans le mesure du possible ». Par exemple, il dénonce les risques du déclenchement artificiel de l’accouchement sans raison médicale. Et il recommande également de réserver la rupture artificielle de la poche des eaux et l’épisiotomie à « certaines circonstances ».
La démarche d’Alter-NativeS, par une approche collective, citoyenne et solidaire soutient donc les parents, de manière complémentaire à ce qui se développe aujourd’hui dans certaines maternités et dans les maisons de naissance, ainsi qu’à travers certaines préparations à la naissance, ou les suivis par des sages-femmes libérales, vers une juste médicalisation.
En limitant les effets néfastes et les traumatismes liés parfois à une surmédicalisation, elle influence positivement le vécu personnel des parents et du bébé et leurs relations entre eux.
Et par la moindre consommation d’actes, de substances et matériel divers qu’elle implique, elle a également un impact positif direct tant sur la planète que sur les caisses de l’INAMI.
Info et contact
contact@alternatives.be www.alternatives.be 0477 474 963
[1] Selon Larousse, se dit d’un trouble, d’une maladie provoqué par un acte médical ou par les médicaments, même en l’absence d’erreur du médecin.
[2] www.kce.fgov.be/ index_fr.aspx ? SGREF=3228&CREF= 18039.
Tous les trois mois, un dossier thématique et des pages « actualités » consacrés à des questions de politique de santé et d’éthique, à des analyses, débats, interviews, récits d’expériences...