groupe d’entraide ouvert aux personnes désireuses de questionner leur rapport au tabac.
Le tabagisme est un problème de santé publique majeure. Les médecins généralistes abordent assez fréquemment ce problème pendant les consultations. Mais chez pas mal de patients, le message « ne passe pas ». Le problème est encore plus important pour les personnes des milieux défavorisés qui constituent une partie importante de notre patientèle. Nous avons voulu créer un échange et offrir une oreille attentive à différents vécus du tabagisme, et pour cela nous avons proposé des rencontres de patients fumeurs.
Aux patients fumeurs et ex-fumeurs de la Maison Médicale.
S’adresser aux fumeurs qui ont
envie de gérer autrement leur consommation de tabac...
qui aimeraient se préparer à arrêter de fumer
qui souhaitent connaître les moyens d’arrêter
qui souhaitent soutenir et être soutenus par des pairs
pour stimuler la réflexion et éventuellement les faire avancer dans leur processus de changement.
Après une accroche dans la salle d’attente (sapin de Noël où on inscrit son nom derrière une boule qu’on accroche pour participer) nous proposons des rencontres. Leur but est de stimuler la réflexion des fumeurs autour de leur « comportement » comme fumeur. Ceci est un élément qui pourrait les faire bouger dans leur processus du changement (selon le modèle de Proshaska et Di Clemente). Le but ici n’est pas de faire arrêter les fumeurs de fumer mais uniquement échanger des expériences et stimuler la réflexion en évitant toute culpabilisation ainsi que l’apparition de résistances. Nous voulons faire sortir de chez eux des patients sédentaires
6 séances d’1h30 d’échanges en groupe de maximum 6 à 10 personnes pour :
Mieux se connaître en tant que fumeur ;
En savoir plus sur le tabac ;
Identifier ses propres ressources et difficultés ;
Tester, experimenter differents outils ;
dans une ambiance détendue, un climat de confiance, de tolérance.
1ère séance
Mieux savoir quel fumeur je suis, quelle place le tabac prend dans ma vie : à travers différents outils tels que : animation, questionnaires d’auto-observation, etc...( gad el maleh ; "la clope" ; le cycle de prochaska…) Distibution d’un carnet de note vierge à chacun, prêt de livres (allen gor,…)
2ème séance
En savoir plus sur le tabac, ses effets :
physiques ;
psychologiques ;
sur le comportement.
Une information scientifique et objective par le biais d’une vidéo, de questions-réponses,... Présentation de la ligne tabac stop et des possibilités de remboursements des patchs pour certains patients des maisons médicales
3ème séance et 4ème séance
Débriefing de l’auto-observation.
Mieux connaître :
ses motivations à modifier sa consommation de tabac ;
ses ressources ainsi que ses freins pour y parvenir ;
à partir du test des « Bénéfices secondaires » et du « Cycle du fumeur ».
Pistes pour renforcer les avantages et diminuer les inconvénients liés à l’arrêt du tabac.
Informations et conseils pratiques.
Balance décisionnelle
Séance d’haptonomie ; l’objectif est la prise de contact avec son corps, les éléments (séance dans le jardin), la détente
5ème séance
Permettre de prendre conscience des tensions que l’on peut vivre au quotidien comme fumeur (quand on doit temporairement s’abstenir de fumer ou quand on est en manque lors d’un sevrage). Expérimentation de quelques techniques de relaxation pour réduire ces tensions : exercices pratiques de détente musculaire, de respiration, de relaxation.
6ème séance
Définition de ses pistes personnelles d’avenir et identification des différentes ressources pour y parvenir.
Un médecin et une infirmière de la maison médicale ont suivi la formation sur le tabac proposée en 2009 par la Fédération des maisons médicales : notions de tabacologie, exploration du vécu des patients à travers des témoignages de patients, entretien motivationnel, gestion de groupe de paroles.
Les rencontres ont eu lieu entre janvier et avril 2011.
Toute l’équipe est impliquée, pour pouvoir informer les patients du projet.
Une vingtaine de personnes s’étaient inscrites sur le sapin de Noël. Mais au moment où ils ont été invités à participer au programme, les trois-quarts des personnes ont décliné l’invitation parce qu’elles avaient réfléchi et que ce n’était pas le bon moment pour elles.
L’horaire a été établi en soirée, aussi bien pour rendre la participation possible pour les personnes actives que pour le fait que la maison médicale est plus calme le soir.
Le groupe était finalement composé de 6 personnes relativement régulières ; le groupe était ouvert pour ne pas laisser des personnes prêtes à se faire aider dans l’attente. Quand de nouvelles personnes arrivaient, les présentations étaient faites et chacun présentait un peu lui-même et sa situation « tabagique ».
Au cours des séances, deux personnes ont laissé tomber, parce qu’elles se sont rendues compte qu’elles n’étaient pas prêtes à arrêter. Même si elles ont été encouragées à participer car l’objectif des séances n’est pas tant l’arrêt que « d’avancer sur le chemin de l’arrêt ». Même si l’objectif n’était pas de se focaliser sur l’arrêt, les participants ont tendance à beaucoup évoquer cette question.
Qualitative
Méthode d’évaluation : à chaque séance, les personnes étaient invitées à donner leur avis oralement sur le déroulement des séances et sur ce qu’on y faisait.
Points positifs :
développement du soutien par les pairs et des capacités d’écoute des patients entre eux
disponibilité pour les personnes, finalement, un groupe de marche a démarré
souplesse qui permet la détente, impression de se retrouver « ente soi » ; intimité et confiance
possibilité de faire appel au médecin traitant pour les demandes individuelles
la séance d’haptonomie a été perçue comme un apport très bénéfique par presque tous les participants, pour un ou deux, l’aspect « remise en question » qu’elle a induit chez eux a été un peu bousculante (il fallait écouter ses émotions, éventuellement en parler, mettre une main sur l’épaule de son voisin… le toucher est un peu tabou !)
Limites :
limites liées au secret professionnel
assez vite, le tabagisme apparaît comme étant l’arbre qui cache la forêt, les personnes témoignent de leur souffrance intime et de leur vécu difficile, de leur isolement, … par rapport à ça, les séances paraissent bien dérisoires, il faut pouvoir rebondir et faire des propositions (relais vers le psychothérapeute ; en groupe ? en individuel ? ou proposer des activités structurantes pour les patients (entetien du jardin de la maison médicale,continuer un groupe de parole à la MM, groupe de marche ?)
difficultés de gérer les écarts entre les attentes des personnes
en soirée, fatigue de l’animateur
certaines personnes se rendent compte qu’elles ne sont pas prêtes et abandonnent, c’ets un peu frustrant pour les participants qui ont apprécié la dynamique de groupe
personne n’a accroché au moment des réunions avec la ligne tabac-stop, mais le relais vers cette solution a bien fonctionné au moment de l’arrêt des réunions.
mise en cause de l’animatrice en tant que non-fumeuse (tu ne sais pas de quoi tu parles, au moins aux AA, c’est un ancien buveur qui anime ; à quand un patient ex-fumeur qui anime ?)
quand on arrête, les gens se sentent un peu "abandonnés » c’est bien de continuer si possible à être en lien avec eux. Il y a aussi des gens qui s’étaient décidés en fin de parcours et qui n’ont pas pu participer car les séances s’arrêtaient.
Pour ne pas créer de frustration et répondre à la demande, il faudrait l’organiser au moins quatre fois par an.
Commentaire de l’animatrice ;
du point de vue de l’animation : Intellectuellement et humainement, c’est stimulant, il ne faut pas focaliser sur l’arrêt du tabac, tout en y pensant quand-même très fort… C’étaient de très beaux moments d’aide, très intenses humainement, les gens ont beaucoup d’humour sur eux-mêmes et de bienveillance les uns pour les autres. Des liens forts et durables se sont créés entre les membres du groupe, dans l’écoute et le respect. C’est certainement à refaire, mais cela demande beaucoup d’énergie car cela semble objectivement extrêmement difficile de sortir le tabac de sa vie.
Les connaissances acquises à la formation ont été relayées à l’équipe. Le médecin qui l’a suivie en a été très satisfait et souhaite continuer à développer ces outils.
Pour l’avenir, les médecins de la MM souhaitent poursuivre les rencontres entre patients fumeurs et réfléchissent à développer d’autre activités sur ce sujet.
Ce projet a reçu le soutien de la Région wallonne.
Organisée par : | |
Maison médicale de Médecine pour le Peuple - Marcinelle a.s.b.l. | |
Créée le : | |
18 août 2009 | |
L’action est en cours et est périodique |