Non, nous n’en avons pas encore terminé avec cette crise sanitaire mondiale ni avec ses conséquences économiques, psychologiques, sociales.
Tous les pans de la société ont été touchés, ébranlés. Pour certains d’entre nous, la maison est devenue notre bureau bien qu’il faille pour cela jongler avec le quotidien domestique, les enfants coupés un temps de leur scolarité, les ados séparés de leur meute, un ou une partenaire en arrêt de travail. D’autres ont dû poursuivre leur activité professionnelle considérée comme essentielle et, faute de matériel ou de reconnaissance, ils ont pris énormément de risques avant que des mesures de prévention puissent être appliquées. Cela concerne bien souvent les métiers les moins valorisés et les moins rémunérés : soignants, éboueurs, enseignants, travailleurs de l’ubérisation… Les femmes en particulier ont été à l’avant de la scène, spots braqués sur leurs habituels seconds rôles peu enviés : caissières, aides-soignantes. Et ce n’est pas une poignée d’applaudissements le soir à 20 heures qui remplit la marmite. D’autres encore parmi nous ont été et sont toujours en chômage temporaire, en congé corona, en faillite ou se sont résignés à demander de l’aide au CPAS ou aux réseaux de solidarité et de charité. Aujourd’hui, l’accès au droit social reste une épreuve.
Oui, le Covid-19 secoue nos repères et nous avançons toujours à l’aveuglette. Notre système de santé a montré obscènement ses limites : un nombre absurde de ministres en charge de la santé, un financement inadapté des prestataires pour faire face à l’imprévu, un terrible manque d’intérêt pour la prévention, une parcellisation des secteurs et des lignes de soins qui rend difficile la prise en charge continue, globale et multidisciplinaire des patients.
Aujourd’hui, quel système de santé voulons-nous pour demain ? Depuis quarante ans, le mouvement des maisons médicales revendique d’agir. Il défend une politique de santé basée sur la première ligne de soins, qui prend en compte les déterminants de santé – et on lira dans ce dossier à quel point ils ont influencé la propagation du virus –, qui favorise l’accessibilité et la prévention en vue de désengorger les services d’urgence des hôpitaux, qui encourage le lien entre un patient et une équipe soignante multidisciplinaire… Bref, autant d’éléments qui, s’ils avaient été appliqués à l’échelle macro du système de santé, auraient certainement rendu cette période de pandémie moins cacophonique et risquée pour l’ensemble de la population..
Tous les trois mois, un dossier thématique et des pages « actualités » consacrés à des questions de politique de santé et d’éthique, à des analyses, débats, interviews, récits d’expériences...