Des Cahiers du GERM à Santé conjuguée : 50 ans de réflexion et de publication sur la santé.
« Ils » nous ont appris beaucoup : l’importance des traits, des liés et déliés, des traces, l’importance de mettre des idées sur papier pour à la fois les opposer, les transmettre et en faire mémoire et histoire. « Ils » nous ont transmis cette culture du texte, depuis les premiers procès verbaux de réunions quasi clandestines dans les arrière-salles de la rue Belliard, puis les « Lettres » irrémédiablement mensuelles sur les thématiques santé et ensuite les « Cahiers », outil d’analyse et d’éducation permanente, largement documentés, professionnalisés par l’équipe de la rue du Gouvernement provisoire.
« Ils », ce sont les initiateurs et collaborateurs du Groupe d’étude pour une réforme de la médecine (GERM) qui dès 1964 ont rédigé et publié réflexions et analyses sur le développement et les finalités souhaitables d’un système de santé alors naissant.
Encore aujourd’hui des contributions comme « Pour une politique de santé » ou les « Etats généraux de la médecine dans les années70 », ou les Cahiers sur le centre de sante intégré font référence.
Les Poucet, Van Dormael, Van der Vennet, ou Van Der Stichelen auront construit là les bases de cette collection rare de plus de 20 ans ; rare parce que fruit d’une analyse pluridisciplinaire, rare parce que centrée sur la politique de santé, bien plus largement que sur les soins ou la maladie : système de santé, éducation et formation des professionnels, éducation à la santé…
Ils auront alimenté et accompagné la fondation des premières maisons médicales et ensuite du mouvement des maisons médicales et de sa Fédération, contribuant à la conceptualisation de pratiques. Dès la création de la Fédération des maisons médicales en 81, dans un contexte conflictuel, un Courrier, mis en page artisanalement et dactylographié sur une Remington - comme Hemingway - supportait la structuration d’un mouvement : édito, partage d’expériences, programme commun de recherche ou de subvention, organe de liaison et d’information.
Très rapidement, le Courrier a dépassé le niveau d’un organe corporatiste pour devenir une lecture critique globale des questions de santé. Il devenait ainsi partageable et diffusable auprès d’un grand nombre d’acteurs concernés, les maisons médicales mais aussi les professionnels de santé, les partenaires sociaux, les responsables politiques, les milieux universitaires et de la formation, et bien d’autres encore.
Quelques Points-santé faisaient le point (mais oui !) sur un thème particulier, comme l’aboutissement des négociations sur le payement forfaitaire et les modalités de son application, les conditions d’accès aux premiers subsides à la Communauté française, etc.
De la convergence des institutions Fédération des maisons médicales et GERM s’est organisée la publication, quelques temps parallèle, puis la fusion du Courrier de la Fédération des maisons médicales et des Cahiers du GERM dans une revue trimestrielle qui a gardé la prétention de parcourir le champ de la santé, certes à partir du poste particulier d’observation qu’offrent les pratiques de proximité mais aussi avec une appréhension de sa place dans les dynamiques et valeurs de la société.
« Santé conjuguée » était née ; elle endossait ce rôle de publication, d’outil de communication interne et publique, de laboratoire de réflexion, d’espace de débat et d’analyse, de vitrine et de lobbies. Elle portera une part des missions d’éducation populaire de la Fédération.
Elle reste unique dans le paysage des revues sur la santé, notamment par son indépendance éditoriale et financière. Publication riche et constante, parfois laborieuse, Santé conjuguée est en devoir de reconnaitre ses héros. Elle doit son patronyme à la belle inspiration de Joëlle Van Pe, ex directrice de la Fédération et elle doit beaucoup à Marc Hombergen, cet artisan tenace qui nous a quitté, dont beaucoup de nuits ont été plus longues (plus belles ?) que ses jours au service de la réalisation progressivement professionnelle du Courrier d’abord, de Santé conjuguée ensuite.
Elle doit aussi qualité et pérennité à son rédac-chef, Axel Hoffman qui, aux clairs de lune, vous conjuguerait la santé à lui tout seul et à Corinne Nicaise qui conduit son secrétariat avec habileté et amour de sa revue. Sans oublier la contribution de Jean-Michel Melis, metteur en page depuis le premier numéro.
Comme toutes publications, Santé conjuguée doit se conjuguer aussi avec les développements des nouvelles technologies. Mais peu importe l’outil pour autant qu’il rencontre ses objectifs ! Et donc en ces dates anniversaires, longue vie à ce qui construit l’âme, la vie et la cohésion d’un mouvement bien au-delà des maisons médicales, à ce qui en structure la pensée dans la diversité, à ce qui fait mémoire de ses savoirs et savoir faire, à ce qui dresse des balises - noir sur blanc - d’une conception solidaire et équitable de la santé dans notre société et des pratiques qui la portent : l’absence de maladie ne suffit pas à définir l’absence de maux et encore moins la santé.
Des mots pour le dire, des écrits pour le lire, des revues pour le conjuguer avec les gens.
Les auteurs à succès de Santé conjuguée
• Axel Hoffman
• Jacques Morel
• Bénédicte Dubois
• Pierre Drielsma
• Marianne Prévost
• Michel Roland
• Jean Laperche
• Patrick Jadoulle
• Yves Gosselain
• Monique Boulad
• Thierry Wathelet
• Thierry Lahaye
Tous les trois mois, un dossier thématique et des pages « actualités » consacrés à des questions de politique de santé et d’éthique, à des analyses, débats, interviews, récits d’expériences...